Dans les contextes fragiles ou de conflit, la désinformation alimente la violence et l’insécurité. Pour y faire face, nous diffusons des informations fiables sur divers canaux et proposons à nos publics des programmes de fact-checking.
Dans les pays d’intervention de la Fondation Hirondelle, l’instabilité politique et la détérioration de la sécurité constituent un terrain fertile pour des vagues de désinformation, qui s’alimentent et se nourrissent de l’incertitude, la tension et la division. Des acteurs étatiques et non étatiques, nationaux et étrangers, diffusent délibérément de fausses informations pour servir leurs propres intérêts, que ce soit pour gagner de l’argent, remporter des élections, saper les institutions gouvernementales, discréditer des puissances étrangères, justifier des guerres, promouvoir des idéologies extrémistes ou attiser la haine contre des groupes ethniques rivaux.
Les conséquences de la désinformation peuvent être graves et amener les gens à fonder leurs décisions sur des informations fausses ou incomplètes. Des choix mal informés sur la personne à élire ou sur la vaccination peuvent avoir des conséquences dramatiques, voire mortelles. La désinformation est souvent à l’origine d’actes de violence. La Fondation Hirondelle a été créée en réponse à l’incitation à la haine et aux fausses informations diffusées dans les médias rwandais en 1994, qui ont provoqué le massacre de plus de 800 000 personnes. Près de trois décennies plus tard, l’utilisation des médias pour inciter à la violence est toujours une réalité et elle est largement amplifiée par les médias sociaux. Le cas de la communauté Rohingya birmane illustre bien ce phénomène. Les discours de haine propagés à grande échelle sur Facebook galvanisent le soutien à une campagne militaire qui incite aux meurtres, aux viols et autres violences visant la minorité musulmane. La Fondation Hirondelle maintient son partenariat avec Frontier Myanmar – une organisation médiatique respectée aujourd’hui en exil – pour produire des podcasts hebdomadaires exposant les violations des droits de l’homme au Myanmar.
La désinformation délibérée et de grande ampleur repose sur une diversité des canaux de communication. Pour résister à ces démarches de désinformation, une réponse multicanale est nécessaire. En 2022 la radio reste toujours le média le plus efficace pour atteindre nos publics cibles. La plupart de nos programmes sont aujourd’hui également accessibles sur les médias sociaux et les applications de messagerie. Radio Ndeke Luka, en République centrafricaine, a été le premier de nos médias à mettre sur pied un canal WhatsApp – une expérience réussie que nous comptons réitérer. Tous nos médias au Sahel proposent désormais des programmes dédiés à la vérification des faits. Nous surveillons la diffusion de fausses informations, en partenariat avec des organisations telles que l’Institute for Strategic Dialogue et CASM Technology, des think tank basés à Londres qui s’intéressent à la propagande et la surveillance de la haine en ligne.
En Ukraine, de nombreux journalistes ont dû changer leur façon de travailler. Dans les territoires occupés, les médias qui publiaient auparavant dans un journal ou diffusaient sur une chaîne de télévision, diffusent désormais sur Telegram ou sur des messageries sociales afin d’assurer une information indépendante. En avril, la Fondation Hirondelle a lancé un projet visant à aider les médias confrontés à des difficultés financières, logistiques et sécuritaires à la suite de l’invasion. La deuxième phase du projet consistera à aider les journalistes à utiliser des applications de messagerie
telles que Telegram pour diffuser des informations fiables.
PARTAGER NOS EXPÉRIENCES
La Fondation Hirondelle a présenté lors de deux événements majeurs ses expériences de la désinformation et comment lutter contre ce phénomène. En septembre, elle a co-organisé avec la présidence tchèque de l’Union européenne une réunion informelle du Comité politique et de sécurité (COPS) sur la désinformation au Sahel. La représentante de Studio Kalangou au Niger a partagé l’approche de la Fondation Hirondelle, à savoir : s’en tenir aux faits et créer de la confiance. A Nairobi, lors d’une rencontre réunissant cette fois-ci chercheur•se•s et factcheckeur•se•s, la Fondation a mis en exergue le travail de Radio Ndeke Luka en RCA à travers son projet #StopATènè (stop aux rumeurs) pour illustrer l’utilité vitale des médias traditionnels dans la lutte contre la désinformation